« Pour Dieu le Père, tout homme est un reflet plus ou moins fidèle de son Fils Incarné. » Homélie du moine Jacques-Marie Guilmard de l’Abbaye Saint Pierre de Solesmes

1er janvier 2023 A (Sainte-Cécile)

  • Le Verbe devient homme, tout comme nous. Et Lui, il donne à la Femme son trône, son pouvoir divin.

Le Verbe s’unit à tout homme, dès cet instant de l’Incarnation. Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni.

Le Verbe prépare l’Église, et il s’unit à elle. Le mystère des noces commence, et la fécondité se prolongera jusque dans l’éternité. Le Seigneur se donne plus qu’il ne reçoit et il se livre volontairement à la Croix. Dans le temps de l’Église, le Christ se livre dans l’Eucharistie – gage de vie et d’éternité.

L’Incarnation n’advint pas au hasard, mais quand les temps furent accomplis, quand ils furent mûrs ; lorsque le dessein divin, l’économie du Cœur, plein de miséricorde de Dieu, fut prête à se réaliser, de manière définitive par le sacrifice de la Croix.

Pour Dieu le Père, tout homme est un reflet plus ou moins fidèle de son Fils Incarné. On comprend que le Verbe, si l’on peut dire, a suivi le cursus de tout homme. Il a été sujet de la Loi de Moïse pour racheter ceux qui étaient sujets de la Loi.

L’universalité du salut devient un élément essentiel de l’humanité. Ceux qui refusent le salut mutilent leur humanité. Le lien de l’homme fidèle avec le Christ est sans intermédiaire, et il ne cessera de s’intérioriser, de se renforcer. Le Christ a été envoyé par Dieu son Père, et il est né d’une femme pour faire de nous des fils. Le Verbe devient fils de Marie, et nous fils de Dieu. « O admirabile commercium ! » Nous commençons par être l’image naturelle de Dieu, puis l’image du Fils par le rachat sur la Croix, enfin dans la gloire, si nous avons été fidèles, nous serons semblables à la Gloire du Fils.

L’Esprit du Fils de Dieu est dans nos cœurs, et il crie vers le Père en l’appelant « Abba ! » C’est le culte en esprit et en vérité qui peut commencer. Nous ne sommes plus esclaves, mais fils, et donc héritiers par la grâce que le Christ nous a méritée au Calvaire.

Nous pouvons lui rendre grâces. Le Seigneur a enseigné à Aaron et à ses descendants comment se transmet la bénédiction divine : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix. » Les prêtres doivent bénir ainsi les croyants, et Dieu alors exauce leur bénédiction. Cela vaut, bien sûr, pour toutes les bénédictions : « Et moi Yahvé, je les bénirai. »

Dans l’Incarnation, la bénédiction est incluse. Sans l’Incarnation, notre bénédiction serait bien pauvre. Nous ne recevrions que peu de chose, nous ne donnerions que des miettes. On connaît la formule : « J’ai à votre égard des pensées positives. » Cette manière de parler se veut bien intentionnée ! Nous juifs et chrétiens, nous n’avons pas seulement des pensées positives ; nous avons la bénédiction de Dieu ; nous avons les trésors du salut éternel, comme le dit la Collecte de ce jour.

Nous venons de parler du culte. Notre Dame avait déjà prononcé son Magnificat, cette hymne qui fait partie de l’héritage des enfants de la Vierge Marie. « Les bergers, quant à eux, glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu, et selon ce qui leur avait été annoncé. » La Préface de ce jour est dans la même ligne : « Il est juste et bon de te rendre gloire, de t’offrir notre action de grâces, toujours et en tout lieu, à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant… Nous voulons te chanter, te bénir et te glorifier. »

La circoncision de Jésus a lieu à ce moment-là, huit jours après la naissance. Or, pour les Juifs, la circoncision d’un jeune garçon est le point de départ du culte.

Au moment de la circoncision, Jésus reçoit son nom qui détermine sa personnalité et sa mission. Il est appelé « Dieu sauve », car il est Dieu et il sauve. Le destin du Sauveur est scellé. L’Alliance est conclue. L’esclave était marqué du sceau de son maître, l’Enfant Jésus est marqué dans sa chair par la circoncision, en vue de la plénitude de l’Alliance.

La Vierge Marie méditait tous ces événements dans son cœur. A nous d’en faire autant. Elle est l’Église, elle est notre mère. Elle est notre éducatrice.

Alors, bonne et sainte Année avec la Vierge immaculée, la Mère de l’Église ! Amen.

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